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CHATEAU Saint-Jean - Famille BUGATTI

Le Château Saint-Jean

Le Château Saint Jean est aujourd’hui le siège de l’entreprise Bugatti Automobiles SAS. En 1998, le groupe Volkswagen SAS fait l’acquisition de la marque Bugatti  et relance la production de véhicules à très hautes performances, à l’arrêt depuis 1957.
Le Château a fait partie du patrimoine d’Ettore Bugatti qui, au début du XXème siècle, en avait fait un écrin de présentation raffiné pour ses véhicules d’exception et le lieu d’accueil de réceptions somptueuses.

Le Château fait partie du projet de résurrection de la branche automobile de Bugatti par Volkswagen et il entre au patrimoine de l’entreprise en 1999. Le siège social y est domicilié et il bénéficie d’une rénovation complète réalisée par Gunter Henn, l’architecte également auteur de l’Atelier, nouvelle unité de production ultra moderne inaugurée en 2005.

Le Château Saint-Jean se dresse sur un domaine chargé d’histoire puisqu’une Commanderie Johannite l’occupe dès de XIIIème siècle.

Le Château Saint-Jean est une propriété privée classée Monument Historique.

  • Architecture

Le Château Saint-Jean est une bâtisse de prestige au vocabulaire architectural bourgeois moderne.
Son implantation sur un parc de 6,5 hectares confère de la monumentalité à son apparence et, bien que de dimensions non exubérantes, 11 x 22 m., cette bâtisse au volume d’un hôtel particulier parvient à dégager une impression de prestige, de monumentalité et d’autorité.
La courbe de l’escalier extérieur et les deux tours qui flanquent le bâtiment ne sont pas étrangères à ce glissement de registre formel. En effet, ces éléments se retrouvent de manière récurrente sur les châteaux, à partir de de la Renaissance, et donnent, pour ainsi dire, le signal qu’il s’agit d’un lieu de prestige.

La devise du fronton, “Semper Fidelis”, renforce la notion de la noblesse de l’ensemble architectural.

La façade organisée en trois registres se développe sur un sous-bassement épais qui rehausse le rez-de-chaussée.
Là encore, l’architecture signifie que l’on ne pénètre pas ce lieu comme en d’autres.
Il est à noter que l’élégance de la façade s’appuie sur l’étroitesse des fenêtres - proportionnellement au bâtiment - et sur les proportions isométriques des premier et deuxième registres.
Ce choix, typique des architectures urbaines modernes, inscrit le bâtiment dans la dynamique visuelle élancée et dégage l’impression générale de celle des maisons bourgeoises qui, à l’origine, distinguaient la fonction de chaque étage par la taille des fenêtres.
Ces maisons accueillaient souvent une activité de négoce aussi au premier niveau, celui de la réception, on trouvait de larges ouvertures, le second niveau, plus familial, présentait des baies plus étroites, etc.
Ici, le travail sur les registres parvient à conférer de la majesté et une verticalité manifeste à cet édifice de trois niveaux.
Enfin, l’uniformité de la façade positionne le bâtiment dans une dimension beaucoup plus intellectuelle et dégagée des considérations de commerce.
Le choix d’Ettore Bugatti - puis de Volkswagen - d’en faire un lieu de présentation pour ses voitures apparaît particulièrement judicieux puisque ce qu’offre le Château Saint-Jean au premier regard n’est pas mercantile mais relié à l’art de vivre et la culture.

  • Construction - Restaurations

La date d’achèvement des travaux de construction du Château Saint-Jean est 1857.
Sa morphologie originelle diffère peu de celle qu’il a adoptée après sa restauration par Gunter Henn car l’architecte a travaillé dans le respect du aux Monuments Historiques et a concentré la plus grande partie de son travail sur l’adaptation des volumes intérieurs aux activités d’entreprise.

Le bâtiment a été édifié par la famille Wangen de Geroldseck, l’une des plus anciennes familles de la noblesse en Alsace.

Lorsqu’en 1830, Louis-Gonzague-François-Dominique-Leoplold Wangen de Geroldseck (1760 - 1836) acquiert le Domaine de la Commanderie Saint-Jean, sa famille possède déjà des biens à Dorlisheim.
C’est son petit-fils Elzear-Albert Baron de Wangen, Compte de Geroldseck (1834 - 1907), qui achèvera les travaux de construction en 1857.

En 1853, la famille a fait construire un pavillon de chasse sur le domaine et elle est également à l’origine de la restauration du mur d’enceinte, en 1849.
Le portail qui définit l’entrée sur le domaine présente une sculpture de Saint Jean-Baptiste dans une alcôve.
Celle-ci a été retrouvée sur le site en 1846 et placée sur le portail lors de la restauration du mur d’enceinte, en 1849.

Sa réalisation est attribuée à l’atelier de la Cathédrale de Strasbourg et l’original est conservé au Musée de l’Oeuvre Notre-Dame, à Strasbourg, depuis 1916.

Sur le site se trouve également le bas relief d’une Croix de Malte, celui-ci est daté de 1788

  • Histoire du site

Si la présence du Château semble tout à fait évidente sur le domaine Saint-Jean, il peut sembler étonnant d’envisager l’ancienneté de l’occupation du site et les activités qui s’y sont déroulées avant qu’il ne devienne un domaine privé.

Sur le site, l’existence d’une abbaye romane est documentée dès le XIème siècle.

Dès de le XIIIème siècle, c’est une Commanderie Johannite qui s’installe sur le Domaine Saint-Jean.

L’Ordre des Chevaliers de Saint Jean de l’Hôpital de Jerusalem est né lors de la première croisade.
Sa présence est attestée à Mulhouse dès 1240.
Les Commanderies sont des communautés monastiques religieuses et militaires dont la vocation est de financer la guerre contre les Turcs par des versements aux Grandes Maîtrises de Malte et de Rhodes, de venir en aide aux blessés et aux indigents dans l’hôpital qu’elles administrent sur leur domaine et, enfin, de faire fructifier leur patrimoine financier et agricole.

La Commanderie Saint-Jean de Dorlisheim est un domaine clos qui possède un hôpital et une église romane où sont enterrés chevaliers, nobles et dignitaires de l’ordre.
Parmi eux, on relève particulièrement la présence de Walther de Geroldseck, évêque de Strasbourg, décédé en 1263.
En 1262, celui-ci essuie une importante défaite contre le Bourgeois de Strasbourg, auxquels il a tenté de réaffirmer ses privilèges épiscopaux.
Sa défaite causera l’incendie de Dorlisheim sans que la Commanderie n’ait à en souffrir.

On note l’homonymie entre les noms de Geroldseck et Wangen de Geroldseck.
Les deux familles sont liées par des unions matrimoniales depuis la fin du Moyen-Age et les Wangen sont autorisés à porter le nom et les armoiries des Geroldseck-es-Vosges en 1414.
Cette branche se distingue des Hohen-Geroldseck, branche germanique du nom dont est issu l’évêque Walther.

Le site connaît plusieurs destructions et attaques avant la cessation définitive de son activité religieuse. 
En 1445, des troupes errantes et désoeuvrées à la fin du conflit entre Armagnacs et Bourguignons mettent à sac l’hôpital et l’église.
En 1592, c’est un incendie qui met fin aux activités hospitalières de la Commanderie Saint Jean.
Jusqu’à la Révolution, le site demeure dédié à la mission spirituelle de l’Ordre Johannite mais ne comprend plus qu’une église, qui sera l’église paroissiale.

A la Révolution, le domaine est spolié à l’Ordre et vendu comme Domaine National.
La sortie de l’église du patrimoine religieux et l’anticléricalisme conséquent à la Révolution mènent à sa déconstruction en 1802 - beaucoup d’églises sont utilisées comme carrières après la Révolution.

Lorsque que Louis-Gonzague-François-Dominique-Leoplold Wangen de Geroldseck se porte acquéreur du site au début du XIXème siècle, il en modifie fondamentalement la nature mais conserve néanmoins la mémoire du lieu, avec les maigres éléments disponibles, et en définit un usage qui est toujours le sien aujourd’hui.

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